Colloques

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Colloque 28 juillet 2018, la Conciliation Familiale ! Pourquoi ?

-Accès libre-

De 14h00 à 18h00. 16 rue Papu 35000 Rennes

Renseignement et réservation : 06 79 21 80 75

Colloque 23 juillet 2016, la Conciliation Familiale

Voir l’article

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Affiche Colloque Conciliation Familiale 2016

flyer 2 Colloque du 23 juillet 2016 (2emeversion)

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Colloque « Concilier la Maternité et la Paternité à Parité »

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Conférence principale : « Thérapie familiale et conciliation »

Dr Julien  Betbèze, thérapeute familal, thérapeute de couple et médecin psychiatre expert judiciaire:

Une recherche personnelle. « Je me suis d’abord occupé de délinquants et de toxicomanes en milieu pénitentiaire pendant 7 ans. Ce qui m’avait frappé, lorsque j’ai travaillé dans ce milieu, c’était l’absence des pères : souvent les mères venaient voir les jeunes détenus toxicomanes au parloir, mais pas les pères. Et j’avais l’impression que plus elles venaient au parloir et plus par la suite ces jeunes recommençaient à se droguer. Parallèlement, dans mes lectures, une phrase m’avait marqué : « l’état de manque, c’est le manque du père ». J’ai pensé ainsi qu’il serait intéressant de trouver des modalités thérapeutiques qui puissent réintroduire le père afin d’éviter à ces jeunes un avenir mortifère. […] La question des outils thérapeutiques et des thérapies. Longtemps le seul outil a été l’outil psychanalytique. Jacques Lacan montre que les grandes difficultés du malaise dans la civilisation d’aujourd’hui sont en rapport avec l’effacement de la figure du père. Mais en pratique comment permettre à un certain nombre d’hommes qui ont des capacités de verbalisation souvent peu développées de rentrer dans un processus thérapeutique ? Dans l’approche systémique, l’idée est de travailler sur la relation, sur le lien, et de ne pas travailler sur des individus séparés. C’est d’ « être-avec » qui est important. […]   La culture. L’école. […] C’est dramatique : on ne parle pratiquement jamais des facteurs positifs du père dans l’éducation, d’exemples positifs. [ …] Revaloriser le rôle du père, ça peut se faire dès l’école. La justice. […] Manifestement la question des gardes d’enfants devrait demander à être repensée car en pratique très peu de pères ont la possibilité de s’occuper de leurs enfants de manière paritaire […] « les pères s’en occupent pas » : c’est une pensée qui finalement crée sa propre réalité. […] Aussi je pense qu’au niveau de la justice il faut tout faire pour favoriser les liens avec le père et pour développer les médiations familiales. […] nous assistons encore trop souvent de la part de la justice à des décisions d’exclusion basées sur une sous-évaluation de la capacité des pères à assumer leur fonction parentale. […] Le langage. Enfin au niveau culturel il faut réfléchir à la manière dont on utilise les mots. Ainsi en va-t-il de « beau-père »  […] et le père devient le « géniteur » : je trouve ça étonnant dans la mesure où le père reste le père ! Cette confusion sémantique est dommageable non seulement pour le père, mais également pour le nouveau compagnon de la mère, mettant ce dernier dans une situation impossible. Nous savons qu’une des difficultés majeures dans les foyers « recomposés » est la difficulté à faire le deuil d’une relation idéale : le nouveau couple voulant absolument réussir sa nouvelle relation, légitimant ainsi les séparations antérieures. Le fait de nommer « beau-père » celui qui est de fait le nouveau compagnon de la mère ne fait qu’accentuer cette idéalisation, rendant plus compliquée une réelle prise en compte des difficultés concrètes.   La médecine. Le médecin généraliste. Une formation des médecins généralistes à une approche relationnelle serait un progrès notable pour prendre en compte la dimension paternelle. […] On sait que 70% des femmes, au cours de la première année suivant un accouchement, passent par des phases plus ou moins dépressives, et croient alors  que leurs compagnons les délaissent. Cette information de base est déjà très importante car si elle n’est pas donnée, ces femmes vont réellement se croire délaissées, alors qu’il s’agit généralement de phénomènes de réajustement de couple. […] Le médecin expert. L’éthique de l’expert est primordiale, elle implique de faire ressortir la complexité de la situation et de ne pas trancher dans le vif en disant « il y a les bons, il y a les méchants ». Le rapport de l’expert doit permettre au juge de garder toute sa liberté d’appréciation, l’expert doit se montrer prudent, il doit faire ressortir les aspects problématiques mais également les aspects positifs chez le père et chez la mère. L’éthique expertale implique de maintenir une dimension thérapeutique à l’expertise et pour cela de mettre en évidence toutes les capacités de parentalité par-delà les blocages conflictuels. Un rapport d’expertise ne devrait pas favoriser une logique d’exclusion, même si cela arrive malheureusement parfois. De plus, il serait souhaitable que les experts soient nommés par une instance neutre afin de mieux garantir une pleine indépendance, condition indispensable à une vision plus respectueuse de la complexité des situations. […]   Thérapeutique, langage du changement, réconciliation. Passer d’une narration individualisante construite autour des problèmes à une narration relationnelle permettant au sujet de se décoller des images pathologisantes est une des caractéristiques des thérapies systémiques actuelles. Pour cela cette approche, outre l’importance attachée à  la qualité de la relation et au respect de la position des personnes, utilise un certain nombre de techniques spécifiques comme :

  • l’insistance mise à découvrir et à faire exister les exceptions. L’idée d’exception étant liée au fait que lorsque nous avons un problème, nous ne réagissons pas toujours de la même façon, il y a des moments où celui-ci est moins important. Ainsi une personne déprimée n’est pas toute la journée triste de façon identique, il y a des moments où elle est moins triste, où elle arrive donc à trouver spontanément des débuts de solutions.
  • l’utilisation d’un questionnement centré sur les conséquences négatives d’un problème sur la vie d’un sujet, ses pensées, ses relations, permet d’externaliser un problème, de ne plus le concevoir comme l’émanationd’une difficulté interne

la pratique d’un questionnement circulaire : le fait de poser des questions à un tiers par rapport à d’autres personnes permet d’augmenter l’information (Bateson : « uneinformation c’est unedifférence qui va faire la différence »). Le questionnement circulaire permet de sortir d’un contexte extrêmement étroit et dans lequel les personnes sont prisonnières.

  • la notion de recadrage : pour apprendreà trouver un autre sens dans une situation donnée. Par exemple la toxicomanie d’un jeune peut aussi dans une autre lecture être vécue comme uneaction de protection par rapport à ses parents qui sont en conflit : ce comportement peut chercher à induire la réunion du couple parental.
  • le génogramme solutionniste : c’est s’intéresser chez les grands-parents et arrière-grands-parents aux ressources de la famille élargie pour résoudre ces difficultés.
  • dernier point : l’importance des thérapies de couple, d’autant plus importantes qu’elles vont favoriser une meilleure harmonie pour la suite et éviter ce qu’on appelle les phénomènes de triangulation, excessivement fréquents dans tout ce qui est souffrance de mineurs (toxicomanie, délinquance, …). La triangulation étant le fait que l’enfant va s’associer avec le parent dont il pense (à tort ou à raison) qu’il (ou elle) souffre le plus … contre l’autre parent.

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Lire & relire Evelyne Sullerot, Henri Gibaud, professeur agrégé et consultant

Je remercie l’association I Comme Identité et notamment son président Amédéo Piromalli pour avoir permis de rendre ici hommage à la pensée et à l’action de Evelyne Sullerot. Cette intervention n’a aucune prétention universitaire, elle se veut un effort de lecteur pour faire partager de la reconnaissance envers une oeuvre vigoureuse et pertinente.

1/ Qui est Evelyne Sullerot ?

Evelyne Sullerot est surtout et avant tout une sociologue. Une sociologue d’observation, attachée au pragmatisme et non pas une idéologue cherchant à inféoder les réalités à des dogmes. Nous n’avons pas le temps ici pour développer sa biographie exhaustive, mais il est indispensable de souligner que Madame Sullerot a beaucoup travaillé sur les faits familiaux et aussi les faits sociologiques concernant les femmes, notamment leurs conditions d’exercices professionnels spécifiques. Elle fut co-fondatrice du Planning Familial en France, à l’origine appelé « La maternité heureuse ». Plus tard dès 1967 elle donne le 1er cours au monde sur les problèmes féminins à l’Université de Nanterre. Evelyne Sullerot se distingue particulièrement par l’excellence de sa connaissance des mentalités féminines et de leurs évolutions. Tout particulièrement elle a enquêté et publié longuement sur la presse dite féminine dans les années 50 à 70, et s’est attachée à décortiquer les significations portées dans les courriers de lectrices publiées par ces hebdomadaires ou mensuels.

2/ de 1984 à 2014 : trente années

C’est en 1984 qu’elle publie « Pour le meilleur et sans le pire », le premier de ses ouvrages abordant et approfondissant la question de la nouvelle fragilité de la paternité dans la famille. 14 ans après l’institution légale de l’autorité parentale à parité dans le mariage (mais simultanément le matriarcat juridique hors mariage !) et 9 ans après la loi sur le divorce de 1975 qui a voulu forcer une attribution monoparentaliste des enfants en résidence unique, en dépit de l’esprit du consentement mutuel, Evelyne Sullerot aura été la 1ère personnalité intellectuelle de haut niveau – a fortiori une féministe historique ! – à sonner l’alarme sur les mauvais sorts toujours plus nombreux faits à des paternités méritantes. Il y a 30 ans, l’opinion publique moyenne était imbibée d’un réflexe de mépris envers les pères, même envers les plus impliqués pour leurs enfants, ceux qui méritaient d’être qualifiés de nouveaux pères. Cette distorsion peut être expliquée par l’inertie d’une sorte de rancoeur envers le patriarcat dans la famille qui avait beaucoup trop duré jusqu’à 1970. En somme les mentalités ont passivement accepté d’exercer une vengeance sociale à retardement sur une génération de pères innocents vis-à-vis du patriarcat. En 1985 le film « 3 hommes et un couffin » illustrait remarquablement un aspect du préjugé. Sa réalisatrice sut faire glousser à l’égard de 3 pseudo-pères montrés comme les derniers imbéciles incapables de poser des actes pourtant simplissimes pour un tout jeune enfant… Faut-il rappeler que le diplôme dit « petite-enfance » est un très modeste C A P de niveau BAC MOINS TROIS … ? Pour illustrer la pertinence précoce de Evelyne Sullerot envers cette cause (qui à cette époque était encore plus diabolisée qu’aujourd’hui), soulignons qu’elle cite un MEP (Mouvement pour l’Egalité Parentale), sa brochure éditée en 1982 (pp. 156-157 de ce livre de 1984).

3/ « Quels pères ? Quels fils ? », une bombe en 1992

Cette parution en avril 92 arrivait à point nommé pour soutenir l’initiative législative de la députée social-démocrate Denise Cacheux, qui aboutira à la loi du 8 janvier 1993 non sans avoir été saccagée au sénat par un avocat de gauche et un notaire de droite. Après avoir évoqué les millénaires de gloire et de pouvoir du Père Majuscule, Evelyne Sullerot développe son analyse sur les deux décennies de 1965 à 1985 qui ont entraîné un certain effacement des pères. Dans un chapitre elle décrit les évolutions de chiffres socio-démographiques, dans le suivant elle précise les chamboulements juridiques au cours de la même période. Puis donne des détails sur tous les indices montrant l’assombrissement presque consensuel de l’image du père dans les mentalités. En 1992, alors qu’à l’époque la technique de preuve de paternité par le test de Jeffreys n’avait que quelques années, elle entrevoyait déjà la possibilité d’une sortie de crise grâce à l’acceptation sociale de la nouvelle paternité génétique aussi certaine que la maternité. Par exemple un paragraphe, page 321, est intitulé « Valse-hésitation entre paternité biologique et paternité dite sociale ». C’est le moment de dire combien la lecture de ce grand travail si courageux est accessible. Le livre est bien construit, la table des matières détaillée permet de naviguer parmi les différents aspects abordés. Il faut bien le souligner : ce gros livre propose un regard rétrospectif pour donner des éléments de réponses à « Comment en est-on arrivé là ? », mais s’attache aussi bien à interroger l’actualité de certaines données récentes pouvant déterminer les évolutions à venir. La forme interrogative du titre exprime évidemment, pour Evelyne Sullerot, un sentiment d’inquiétude quant au sort des pères au terme de ces séquences de bouleversements.

4/ Des enquêtes pleines d’empathie pour les pères

Evelyne Sullerot aura été une des rares personnalités de si haut niveau à s’intéresser avec neutralité bienveillante aux associations de défense, et ceci dès la décennie 80 durant la pire époque d’un dénigrement en pleine expansion. Nous avons déjà évoqué un MEP qui existait il y a plus de trente ans. Par chance, son président Paul Elkaïm savait exprimer le ressenti du père empêché avec un talent certain, avec précision et surtout émotion. Voici quelques extraits cités par Evelyne Sullerot, tous de Paul Elkaïm. Parlant de la cruauté infligée : « Rareté, brièveté, incertitude, contraintes horaires routières et financières, souffrances psychologiques intenses qui sont l’effet de contradictions instituées comme à souhait, saturent l’exercice du droit dit de visite et d’hébergement au point que ses ‘bénéficiaires’ le vivent comme une sorte de tolérance très conditionnelle dans le cadre d’une sanction afflictive, et non comme le moyen exigible du libre cours de leurs sentiments naturels. » Sur le traquenard institutionnel ressenti : « En cette épreuve cruciale, le père est seul, de solitude physique et aussi de solitude morale. Car il ne suffit pas aux agents institutionnels ligués de lui appliquer un dispositif cohérent de mise à l’écart. Il faut, s’il prétend le déjouer, qu’il s’en sente coupable. Il apprend que vouloir continuer son rôle de père passe pour une prétention exorbitante qu’il ne saurait maintenir sans paraître poussé par le désir de nuire à la mère. » On pense à cette fameuse réplique dans ‘1984’ de George Orwell « il ne suffit pas d’avoir le pouvoir, Winston, encore faut-il faire souffrir »… Un dernier extrait de Paul Elkaïm repris dans « Quels pères ? Quels fils ? » : « Sa première rencontre avec le juge convainc le père qu’en effet, la balance n’est pas égale. Il n’est pas écouté et éprouve la différence du poids des mots et de l’appréciation des faits, selon qu’ils émanent de lui et de son avocat, ou de la mère et de son avocat. […] Nombreux sont les magistrats des deux sexes qui, coupant court à toute argumentation, signifient d’emblée leur a priori en faveur de la mère, ruinant ainsi les espérances du père et sa confiance en la justice. » Un seul autre ‘associatif’ a été mentionné nommément dans les quatre livres qui nous intéressent : il s’agit du fondateur de sos-papa, Michel Thizon. Notamment pour féliciter l’enquête publiée en 1992 sur les disparités sidérantes selon les juridictions des chiffres de garde-au-père ou encore d’exercice en commun ou non de l’autorité parentale. Cette révélation montrait une monstrueuse rupture d’égalité géographique devant l’application de la loi, fit l’effet d’une bombe et contribua à renforcer l’effort législatif en cours. Une autre association a été favorablement mentionnée par Evelyne Sullerot dans « La crise de la famille » (2000, 2ème édition augmentée de ‘Le grand remue-ménage’ paru en 1997). Il s’agit de L’Enfant-Et-Son-Droit, fondée en 1993 pour défendre la paternité au nom du droit propre de l’enfant à bénéficier de mère et père. En 1996, E2SD a procédé à une ébauche d’étude pour chiffrer le coût financier annuel pour la nation de l’ensemble des dysfonctionnements familiaux dont beaucoup aggravés par les dysfonctionnements judiciaires. Evelyne Sullerot a salué cette initiative et réclamé avec cette association que des études officielles soient menées par des instituts disposant de moyens et compétences incontestables. Quant à notre formulation prônant la parité-père-mère, Evelyne Sullerot en a fait état dans le dernier des 4 ouvrages abordés ici, celui de 2006. Elle constatait que petit à petit le droit codifié de la famille rétablissait « une nouvelle parité père/mère », conforme à ce qui avait été positivement prévu en 1970 pour en finir avec la « puissance paternelle » reliquat du patriarcat suranné. Mais, rappelons-le, simultanément la loi de 1970 introduisit un matriarcat juridique hors-mariage puis la loi de 1975 sur le divorce permit le développement insidieux d’un matriarcat judiciaire dans l’après-mariage en perpétuant une attribution forcément monoparentaliste avec une « garde » disparitaire même en cas d’accord complet entre mère et père pour la parité. Evelyne Sullerot s’inquiétait cependant que les mentalités restent matriarcales par inertie : « Mais dans l’opinion la mère tient toujours le grand rôle et on lui pardonne volontiers de dominer et même d’évincer le père. »

5/ « Pilule, sexe, ADN – 3 révolutions qui ont bouleversé la famille » (Fayard, 2006)

Ce titre est à la fois assez complet et explicite pour servir de porte d’entrée à un commentaire. Tout d’abord oui, la famille a été bouleversée. Mais le terme ‘révolution’ convient-il forcément ? Evelyne Sullerot a construit cette étude en identifiant 3 ‘révolutions’ : la révolution contraceptive, la révolution sexuelle, la révolution génétique. Cette thèse est séduisante, personnellement j’y trouve une belle puissance explicative. Toutefois on peut proposer des nuances et même s’interroger sur quelques objections. Sur la mise en place légale de la contraception moderne en France, soit pilule et stérilet sous contrôle féminin, cette étape a été indiscutablement importante, Evelyne Sullerot en fut une promotrice assumée. Mais les moeurs de prévention des naissances non voulues avaient déjà en France une grande ancienneté : la France fut le premier peuple à commencer ce que les démographes appellent la « transition démographique ». Parler de ‘révolution’ à cet égard est discutable. Et surtout la finalité voulue par Evelyne Sullerot : la marginalisation de l’avortement n’a pas été obtenue, et dans aucun pays ! Alfred Sauvy lui-même, dès 1965 (« La prévention des naissances », PUF) relevait que aux USA comme en Suède la pilule déjà diffusée ne faisait pas reculer l’avortement… Pour le 2ème terme de son triptyque : « SEXE », on imagine aisément une tactique de racolage voulue par l’éditeur car ce petit mot est tenu pour « vendeur » depuis la fin des années 60… En effet, à mon avis, ce qu’Evelyne Sullerot a voulu décrire – et dénoncer – c’est plutôt l’installation dans les années 70 puis 80 d’un climat d’érotisation obsessionnelle avec une sorte d’impératif instillé aux consciences de « jouir sans entrave », etc… On peut penser en parallèle à l’étude de Jean-Claude Guillebaud « La tyrannie du plaisir » (éd. Odile Jacob, 1998). Et puis l’explosion des divorces ne s’explique pas seulement par l’infidélité conjugale (libido copulandi) mais aussi quand il y a des enfants par de l’aspiration néo-matriarcale à une toute-puissance (libido dominandi). L’obsession érotomane n’est à mon avis que partiellement corrélée à la fragilité familiale constatée. La vraie révolution millénaire est bien celle de l’ADN. Evelyne Sullerot prend le pari de l’annoncer comme inévitable, nous le pensons aussi mais elle est loin d’être accomplie. Elle ne fait que commencer mais se heurte à une foule de résistances mentales irrationnelles et une pléthore d’intérêts installés dans les délices habituels du mensonge, du mythe, de la mise en scène. Le système patriarcal, presque universel du moins dans les populations qui ont fait les modernités, s’expliquait en grande partie par la maudite incertitude sur la paternité à côté de l’évidence de la maternité gestatoire. Une fois le père sécurisé par un test devenu banal et bon marché, autant que le test de grossesse : la parité devient totalement visible en ce qui concerne l’enfant !!! Sur ce point Evelyne Sullerot nous a fourni l’argument prospectif le plus puissant, mais encore en butte à des volontés de dénis littéralement obscurantistes… Il y a aussi une autre dimension argumentaire pour juguler ce néo-matriarcat vengeur contre un patriarcat qui a disparu : les études prouvant l’impact sanitaire et scolaire délétère des schémas sans père sur de pauvres enfants. Elle s’y est attachée dans tous les ouvrages publiés, déplorant la malhonnêteté mentale de la sociologie française qui a majoritairement voulu occulter cette réalité.

6/ Recommandation

Lire et assimiler l’oeuvre d’Evelyne Sullerot ce n’est pas seulement acquérir de vastes ouvertures. C’est sur un plan utilitaire se munir de moyens argumentaires qui devraient rester longtemps pertinents. Et ce peut être pour certaines et certains la voie d’une salutaire désintoxication, dans notre contexte où foisonnent des discours aventuristes, échevelés, irrationnels sur la Famille.   (extraits) […]

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